Kaya. La dernière fois que tu as fait une bonne action, c'était probablement à l'âge de quinze ans. A cette époque, tu savais encore aimer, tu savais rire et jouer comme n'importe qui. Qu'est-tu devenue ? Qu'a-t-il bien pu t'arriver ? A croire qu'au fond de toi tu avais toujours eu cette noirceur, cette ombre grandissante à laquelle personne n'avait jamais prêté attention jusque là. Kaya aujourd'hui tu es vide, tu n'es plus qu'un corps sans vie, incapable d'être heureuse à nouveau. Tout ce qu'il te reste sont tes souvenirs, bons ou mauvais, tu voudrais les oublier mais tu n'as pas cette capacité. Tu peux tout détruire autour de toi mais la seule chose que tu aimerais vraiment détruire, c'est toi-même. On a tendance à dire que c'est notre personnalité et non nos actions qui nous définissent en tant qu'individu, mais que reste-t-il lorsque l'esprit est mort ? Qu'est-ce-qui te définit maintenant que tu n'es plus rien, Kaya ?
La jeune femme venait de sortir de sa journée de travail. Il était plus tard que d'habitude, elle avait dû faire quelques heures supplémentaires, le soleil se couchait. Pour elle, ce n'était que le début de sa routine. Elle hésitait encore quant à son activité de la soirée mais finalement, elle se dirigeait vers l'un de ses repères : l'usine désaffectée. Cette usine n'était plus que taules et verres brisés, mais Kaya appréciait particulièrement l'endroit sans savoir pourquoi. Sans doute était-ce son côté sombre, dépravé ou encore en ruine. Peut-être qu'elle s'identifiait même à ce lieu. Quoiqu'il en soit, l'endroit était toujours calme et c'était plus qu'une simple qualité pour la jeune femme.
Rapidement elle rejoignait la grande porte prête à s'effondrer et se glissa à l'intérieur de l'ancien bâtiment. Elle partit aussitôt à la recherche de ses différents lots de drogues cachés aux quatre coins de l'usine. Enfin, il lui fallu plus d'un quart d'heure pour trouver de quoi grimper, afin d'atteindre une vieille poutre avec une encoche à l'intérieur. Là, elle y récupéra une simple petite seringue pré-remplie à l'héroïne et un garrot. Elle descend de son empilement de bidons vides et s'installe dans son coin pour installer son garrot, doigts et dents en action. En moins d'une minute, l'injection était faite et Riley allait jeter sa seringue utilisée dans on fameux "bidon poubelle" qui contenait déjà un bon fond de seringue utilisées. La jeune femme, bien que complètement droguée prenait soin de jeter chaque seringue après utilisation pour éviter tous les effets indésirables. Elle se droguait pour des effets recherchés, non pas pour être clouée dans un lit d'hôpital à vie.
Assise en plein milieu de cet espace vide, autant de vie que de meubles ou d'objets, Kaya s'allume une blonde. Elle était assise là, comme si elle attendait la mort sans que rien ne vienne jamais. Elle connaissait plus ou moins ses limites et n'arrivait jamais à les franchir, pour le meilleur ou pour le pire. Cette fois-ci, elle avait cru entendre des bruits de pas autour de son repère, mais avec son récent shoot, elle n'était plus vraiment certaine de rien. Jusqu'à ce qu'une ribambelle de bidons vides tombent chacun leur tour, provoquant une chaîne de dominos. Tout cela dans un vacarme insoutenable, surtout aux oreilles de Kaya qui avait entendu le bruit résonner dans sa tête pendant plusieurs secondes. Elle avait tourné la tête trop vite, voyant assez flou. Mais il lui semblait bien avoir vu ce qui ressemblait à une forme humaine, voire une carrure masculine. Et même une voix.
Il y avait ces soirées là où l'on se trouve désoeuvré. Le coeur à rien d'autre qu'à l'ennui, pris en étau; parce que d'un côté il y a l'envie débordante de croquer le monde, créer découvrir. Et puis de l'autre ce bouillonnement de colère, de nostalgie. Et tout bloque. Comme deux engrenages qui ne tournent pas dans le bon sens, pas au même rythme. Ça s'arrête, ça ne veut plus bouger. Et on n'a plus envie de pétiller ou de bouillonner. Juste de regarder la vie avec ces yeux vides et creux. Il sait bien le faire quand il s'y met Bart. Avoir l'air creux. Il se sent creux généralement. Il manque des trucs, des éléments pour combler tout ces trous. Promis, cela n'a rien de lubrique, et il n'est responsable d'aucune mutilation. Il ne se mutile pas d'ailleurs, il trouve ça ridicule. Il préfère mutiler l'humanité, les traces qu'elle a laissée. Dynamiter serait certainement plus approprié.
Voilà dynamiter. Exploser, faire tout sauter. C'est exactement la solution pour faire redémarrer l'engrenage bloqué. Une petite explosion, une accélération du rythme cardiaque, et ce frisson sans fin sur la peau. Qui vous dresse les poils et secoue votre corps. Et puis il savait sans se l'avouer ce qui bloquait. Les vieux souvenirs un peu mielleux d'une époque révolue. D'un temps où ils étaient insouciants, lui, elle, et d'autres encore. Alors il savait où se rendre pour guérir des coups de blues. Il prenait comme à chaque fois dans son sac, de quoi faire péter les lieux puissances trois. Et comme à chaque fois, il n'allait rien faire. Mais il emportait avec lui tout de même. Parce qu'on ne savait jamais, ce que l'avenir voudrait bien lui réserver. Peut être que s'il la croisait là bas, ce serait un signe. Il ne croyait pas en la destinée ou en quelconque autre connerie stupide, juste peut être au hasard. Il avait la capuche rabattue sur son crâne, un foulard noué autour du bas de son visage. Et il s'était déplacé avec ses allures d'ombres un peu inquiétante sans trop l'être. Un bout de paysage sans grand intérêt.
Il s'était glissé dans l'usine désaffectée sans grand bruit. Il avait fait le tour, machinalement, retiré son foulard, sa capuche. Roulé sa cigarette. Allumé. Fumé avec une rapidité affolante, puis recommencé. La feuille qu'on coince, le tabac qu'on répand, le filtre pour faire joli, et d'une ingénieuse passe de doigts, on roule le tout. Un coup de langue et c'est fini. Et plus économique. Parce qu'il ne roule pas sur l'or non plus le gamin. Il fait sa ronde habituelle. Les murs et colonnes qui supportent la structure, ceux qui ne sont que superficialité et agrément. Qu'est ce qu'il ferait péter en premier ? Deux ou trois trucs pour la symbolique ? À moins qu'il ne préfère le spectaculaire. Puis il entendait du bruit. Il osait à peine y croire. Pourtant c'était bien elle, qui lâchait une seringue dans un bidon sans intérêt. Silencieusement, il attendait, observait. Alors elle avait cette désagréable habitude. Elle s'était rajouté presque stupidement une nouvelle addiction. N'en avait elle pas assez de celle qu'on leur imposait déjà ? Lui qui toujours s'était trouvé bien plus idiot qu'elle.
À quoi jouait elle ? Alors il attendait, goguenard. Que l'effet s'empare du corps de Kaya. Qu'elle soit elle sans l'être réellement. Il en avait marre rapidement, d'attendre. Alors il shootait dans un bidon avec force. Ça en cognait un autre, réaction en chaîne, comme une explosion. Mais avec la simple force de son pied.
Tu joues aux épaves princesse ?
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Riley K. Sellars
Mer 4 Mai - 0:43
NO MOUNTAIN MADE OF MONEY CAN BUY YOU A SOUL
Les avantages de l'injection : la vitesse à laquelle le produit commence à prendre effet. Il faut plus où moins vingt secondes pour qu'il agisse, ce qui est plutôt rapide. Vingt secondes, sachant que durant les cinq à dix premières se fait ressentir le flash. Cette bouffée de chaleur soudaine, sensation de pause du cerveau. C'était ces premières secondes qu'elle préférait.
Tout à coup cela s'estompe et le l'effet du produit passe au stade plateau, et cela pour plusieurs heures. Kaya retrouve rapidement ses cinq sens. Au ralenti, ce fut d'abord l'ouïe. Avec cette voix qui lui semblait si familière et si lointaine à la fois, comme dans ses souvenirs. Le toucher. De doux cheveux blonds dans lesquels elle avait déjà passé ses mains. L'odorat. Ce parfum, toujours le même. Celui de l'odeur corporelle d'une même personne au petit matin. Et même le goût, aujourd'hui devenu amer au souvenir de lèvres si douces. Enfin, la vue. C'est ce qui la frappa. Elle s'attendait à revoir une image assez ancienne de cette personne, dans son esprit, comme tous ses sens lui indiquaient chacun d'anciens caractères. Mais non, elle devait se résoudre. Bart était exactement au même endroit qu'elle, et ce n'était pas une illusion.
Heureusement pour la jeune femme, l'héroïne apaisait ses nerfs avant même qu'elle ne devienne tendue. Elle devait paraître bien plus calme que ce qu'elle aurait pu être dans un tout autre cas. Alors elle se lève, doucement et rejoins le blond à quelques pas.
« Et toi ? T'étais obligé de faire un boucan infernal ? »
Elle évite les questions, comme toujours. Moins on la connais, plus ça l'arrange. Hélas il s'avérait que Bart la connaissait déjà, en fait. Et même plutôt bien. Trop à son goût. Il connaissait ce qu'il y avait bien en dessous de toute cette ombre et toute cette noirceur la submergeant. Et ça, c'était dérangeant. Ca l'emmerdait. Evidemment, elle savait qu'il n'irait rien raconter à personne, et puis qui le croirait s'il allait raconter que Kaya était en fait une vraie cucu-la-praline ? Et puis de toute manière, ça faisait bien longtemps que la jeune femme avait arrêté de faire attention à ce que pouvaient penser les autres. C'était une junkie, on ne la regardait même plus. A cette pensée, elle croisa les yeux vermeil de Bart. C'était si furtif, on aurait dit que d'un regard il transperçait tout le reste et pouvait directement accéder à ses pensées. Son coeur fit un bond aux souvenirs qui l'envahissaient tout à coup. Plus vite que l'héroïne et plus vite que le flash qui précède son effet, des images s'enchaînent. Des moments. D'anciennes sensations. Pendant un centième de seconde elle aurait voulu faire machine arrière. Redevenir celle qu'elle était, redevenir importante pour quelqu'un de bien. Pour Bart, en fait. Dur retour à la réalité lorsqu'elle s'aperçoit qu'elle est toujours aussi vide qu'il y à une heure ou deux.
Elle voulait prendre ses jambes à son cou. Intérieurement elle fuyait loin, très loin. Mais en réalité elle n'avait nulle part où aller qui soit plus perdu que cette foutue usine désaffectée. Elle était obligée de voir ce visage. Ces yeux qu'elle évitait à tout prix. Il lui fallait vraiment quelque chose de plus fort, elle n'avait rien sous la main malheureusement. Alors elle tourna le dos au blond et s'assied à nouveau, en tailleurs, aux pieds de Bart avant de sortir son paquet de blondes et son briquet, puis de s'en allumer une. Elle avait toujours détesté les roulées. C'était chiant, ça faisait perdre du temps, disait la camée.
« Tu deviens quoi, alors ? »
Le plus sereinement du monde. Comme si toutes ses émotions étaient enfermées à l'intérieur d'un corps qui ne voulait en laisser s'échapper aucune d'entre elles. Torture psychologique invisible. Elle ne souhaitait à personne de lire dans ses pensées, ce serait pire que de vendre son âme au diable. Quoique Bart n'en avait probablement que faire. Pour lui, elle n'était sûrement pas si désespérée que ça. Ou du moins pas encore.
Et toi ? T'étais obligé de faire un boucan infernal ?
Il ne disait rien, parce qu'elle connaissait la réponse. Bien sûr, il en était même moralement obligé. Parce que quand Bart a décidé qu'on devait le remarquer, cela devait se faire en grandes pompes. Avec du bruit, des explosions, une cigarette dans le bec et ses lunettes de soleil. À défaut des verres teintés et de détonation, il y avait la chute tonitruante de quelques bidons vides. Et creux. Comme lui. Tellement creux qu'il fallait que cela soit bruyant, pour que l'on se rende compte qu'il existe. Hého, je suis là. Je suis vivant, je suis moi. J'existe. Aimez moi, haïssez moi, mais sachez que j'existe. Que je vis que je respire comme vous. Qu'on est pareil, enfin presque. Montrez moi que j'existe, je veux le voir à travers vos regards. Je veux susciter votre admiration, votre amour, votre haine ou votre colère. Je veux être la source de tout vos tourments et torrents intérieurs, je veux tout faire péter. Parce que j'existe.
Il y a quelques temps déjà, dans cette situation, Bart se serait approché avec un petit sourire presque naïf. Il l'aurait enlacée tendrement, doucement, comme si un geste trop brusque risquait de la briser. Il aurait caressé ses cheveux aussi, un vrai romantique cet enfant. Et puis il aurait fait tombé le mégot fumant entre ses doigts, il aurait posé ses lèvres contre celles de Kaya. Et il l'aurait aimée par ce simple contact. Après, il se seraient calés quelque part, tranquillement. Il lui aurait parlé d'un milliard de chose et elle encore plus, il aurait refait le monde juste pour ses beaux yeux le Bart. L'était bien naïf.
C'était doux amer, ce regain de nostalgie. Il était immobile face à elle, glacial. Plus de petit regard niais, plus de cette chaleur enivrante qui l'animait quand il se savait près d'elle. Juste cette petite brise douce amère, qui flotte autour de lui sans jamais réussir à le pénétrer à nouveau. Il la regardait sans toute cette passion. Juste ce sentiment là de creux. Est ce que c'est elle qui lui avait arraché ce quelque chose là qui manquait au puzzle ? Ou était ce le temps, la vie, la mort aussi, la lutte ? Cette foutue société, ce ramassis d'abrutis ? Ou pire encore, était ce tout à la fois, qui se mélangeait en un bouillon infâme ?
Sans aucune expression réellement affectueuse, il s'avançait vers elle. Avec son petit sourire grinçant d'ironie. Elle était planante, n'importe qui en aurait profité. Même dans la mesure où n'importe qui ne sait pas qu'elle est capable de n'importe quoi. Il évoluait calmement ; sortait de sa poche son tabac, en roulait encore une. Il détestait les industrielles, trop corrompues par dix mille produits chimiques, parfois même de ceux qu'il utilise pour faire exploser ses cibles. Hors de question qu'il ingère ce genre de choses, il sait à quel point ça peut faire des dégâts. Elle aussi fumait. Assise en tailleur à ses pieds. Un coup de pied explosif, et il la dézinguait. Ce n'était pas encore son but.
Tu deviens quoi, alors ?
Elle était tout de même gonflée. Et droguée aussi. Mais surtout gonflée. Alors il soupirait et la contournait, pour s'assoir en tailleur face à elle. Parce qu'il est gigantesque Bart, et que quelqu'un assis par terre est réellement petit à ses yeux. D'ailleurs il les plonge, ses yeux, droit dans ceux de Kaya.
Oh tu sais, pas grand chose, la routine habituelle. Nitroglycérine, dynamites, bricolage, complot contre la société toute entière... Rien de bien passionnant. Et toi ?
Il allait s'étrangler de rire. C'était quand même ses activités et particulièrement son ralliement à la cause de Zélos qui avait fait casser pas mal de choses entre eux.
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Riley K. Sellars
Ven 6 Mai - 0:51
AND YOU THINK MY BRUISED KNEES ARE SORTA PRETTY
Tu ne peux pas t'en empêcher, jamais hein ?
Il le savait. Il savait très bien qu'elle évitait de trop croiser son regard. Evidemment, lui, c'était tout ce qu'il cherchait à faire. Bart était un grand gamin. En général il faisait tout l'opposé d'elle, du moins il l'avait toujours fait. Peut-être que c'est aussi ce qui l'avait attirée chez lui.
Oh tu sais, pas grand chose, la routine habituelle. Nitroglycérine, dynamites, bricolage, complot contre la société toute entière... Rien de bien passionnant. Et toi ?
Evidemment. Il fallait toujours qu'il en rajoute celui-là, qu'il la provoque. Avant, elle se serait énervée contre lui. Se serait levée, en colère, les poings serrés et les joues rouges et elle serait partie. Enfin, elle se serait retournée cinq mètres plus loin pour lui faire signe de ne pas la laisser s'en aller. Aujourd'hui, c'était différent. Ses poings s'étaient à peines refermés sur eux-mêmes. Kaya n'éprouvait plus de colère pour des choses si futiles. Dans un sens, elle avait peut-être mûri. Ou alors ce n'était que son esprit qui était de plus en plus incapable de ressentir quoi que ce soit. Même les sentiments mauvais.
« Moi ? Comme tu peux le voir : un épave. » dit-elle un sourire en coin. « Les drogues, c'est cool tu sais. En un sens on peut dire que tu vois beaucoup plus de choses. Des détails auxquels t'aurais pas porté attention en temps normal, tout ça. »
Et quand t'allais trop loin, tu commençais même à avoir de grandes hallucinations, voir des bad trips et ça c'était clairement moins drôle. Mais ça, fallait pas le dire. En soit, c'était cool quand même. On ne savait même pas si au jour d'aujourd'hui, ces drogues étaient légales. Dans tous les cas, on ne voyait personne se faire un rail sur le bord d'un trottoir ou même sur le bar d'une boîte. De toute façon, Bart était plutôt branché trucs voyants et bruyants plutôt que détails et hallucinations.
La jeune femme tire sur sa cigarette et souffle sa fumée au visage de Bart, avant de s'allonger dos au sol.
« T'es sûr que t'en veux pas ? » dit-elle en pointant les quelques seringues éloignées.
Petit sourire en coin. Peut-être que ce serait drôle, un Bart perché. Ils arriveraient peut-être à s'amuser plus que ça. A oublier un peu ce qu'ils voyaient chacun l'un en l'autre lorsqu'ils se regardent : le passé. Kaya ne peut qu'être nostalgique, dans tous les cas elle n'ira jamais de l'avant sauf si c'est pour courir droit à sa perte. A sa mort. Mais elle peut tout de même oublier le passé et vivre l'instant présent. Même s'il n'est qu'illusion pour quelques heures. C'est son seul moyen d'être heureuse et d'avoir un semblant de vie; Sans doute que les méthodes de Bart étaient meilleures que les siennes, au final. Même si il était allé à l'encontre de tout ce qu'elle avait voulu à l'époque. Au final, d'eux deux, c'était lui qui s'en tirait le mieux aujourd'hui. Et de loin.
Il avait fait exprès de la titiller, parce que c'est ce qu'il avait toujours aimé faire avec elle. La provoquer, jouer avec ses réactions. Aller jusqu'au bout. Parce que c'était un jeu, elle et lui. Qu'elle se vengeait à sa façon. Que quand ça explosait, c'était sincère. Et quand ils arrivaient à se retrouver, c'était merveilleux. C'était des moments presque plus savoureux que ce qu'ils auraient pu être autrement. Qu'atteindre des sommets, que cette relation en perpétuelle montagne russe était foutrement excitante. Sauf qu'à un moment, le wagon n'avait pas tenu le parcours. Et qu'à la vitesse où ça allait, la force avec laquelle ça s'est explosé, jamais Bart n'imaginait qu'un jour cela puisse recommencer. Qu'on tenterait bien de remettre quelque chose sur les rails, mais qu'indubitablement, ça dirait merde. Que c'était définitivement impossible. C'était bien et mal à la fois. Plus de machine infernale. Plus rien. Juste du vide, du creux.
Et il la voyait s'allonger devant lui. Mais il n'avait pas envie de s'allonger à côté d'elle. Parce que quand il s'allongeait, c'était pour l'enlacer sans jamais la lâcher. C'était pour l'aimer, la rassurer, se rassurer lui aussi. La sentir tout près de lui et penser que jamais cela ne s'arrêterait. Pas comme ça. Qu'il n'y aurait plus qu'elle, et lui, pour toujours. Il était niais, un peu. Idéaliste, un peu trop certainement. Trop à son goût désormais. Mais il ne voulait pas s'allonger à côté d'elle. Parce qu'il savait pertinemment qu'il ne résisterait pas à la tentation de rouler contre elle, de passer ses bras autour d'elle, de l'attirer contre lui, de l'embrasser.
Et il se contentait de fumer sa cigarette, en l'écoutant raconter ce qu'elle avait à lui délivrer. Est ce qu'elle avait mal de lui parler ? Est ce qu'elle se forçait à le faire ? Ou peut être que cela lui faisait du bien. Qu'elle était soulagée. Est ce qu'elle pensait à avant ? Avant quoi au juste ? À quel moment d'avant ? Les jours heureux, où l'on s'embrasse et l'on s'enlace ? Ou les jours gris, ceux où l'orage tonne sans pitié, que les mots pleuvent directement sur leurs corps ? Se rappelait elle de la dernière chose qu'ils s'étaient dit ? Se rappelait elle de sa déclaration d'amour très maladroite ? À quoi pensait elle ? Parce que lui pensait à tout et rien à la fois. Comme à chaque fois qu'il la revoyait en fait. Il réfléchissait à tout ce qu'il avait pu lui dire de bien et de mal, de ce qu'il aurait pu garder pour lui, effacer de son coeur. De ce qu'il aurait du lui crier quand elle s'est réellement barrée, sans se retourner pour lui demander de revenir.
Mais tout ça c'était loin. Et elle lui demandait s'il ne voulait pas essayer. Il rigole. Il ne voulait certainement pas tenter le diable en se perforant la peau. Il ne savait pas comme ça réagirait sur lui. Et ça pouvait être très dangereux, s'il ne savait pas. Parce qu'il est déjà assez imprévisible le garçon, si en plus, il se rajoute du hasard dans les veines... Bonjour les conneries. Alors il rit doucement, sans émotion. Sans méchanceté. Il extirpe un sachet de Lady Ganja de sa poche, ses feuilles et filtres. Il roule, câline de ses doigts, lèche. C'est tout doux.
Je crois que j'en ai déjà bien assez, des addictions à la con tu sais ? Parfois j'arrive à m'en débarrasser, parfois elles me laissent un profond souvenir aux relents nostalgiques plutôt durs à encaisser.
Pause. Mise en bouche, accrochée sur le bout des lèvres. Allumage. Et elle, il ne la quitte pas des yeux.
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Riley K. Sellars
Lun 16 Mai - 2:02
SHE SAID HER BODY HELD A MONSTER
Qu'est-ce que tu croyais, Kaya ? Que t'aurais réussi à l'oublier comme ça, en un claquement de doigt ? C'est vrai que t'en a balayé, des mecs. Mais ça, c'était ceux qui duraient la semaine seulement, et encore. Bart, c'était autre chose, hein ? C'était bien plus difficile. Tu es faible. Incapable de lui dire de s'en aller, que tu ne veux plus le voir car ça te fout en l'air. Mais tout aussi incapable de lui dire que t'en peux plus d'être loin de lui, que t'as encore et toujours besoin de lui. C'était comme si durant tout ce temps, tu avais été protégée. De toi-même. Comme s'il avait empêché que tu ne devienne ce que tu es aujourd'hui. Une épave.
Je crois que j'en ai déjà bien assez, des addictions à la con tu sais ? Parfois j'arrive à m'en débarrasser, parfois elles me laissent un profond souvenir aux relents nostalgiques plutôt durs à encaisser.
Pour une fois, t'aurais aimé croiser son regard. Histoire d'être certaine qu'il parle d'addictions « basiques ». Tu savais pas comment interpréter sa phrase, du coup. Habituellement, tu trouvais toujours tes repères dans ses yeux. Bordel, ce que ça te faisais mal. T'aurais pas cru. Du moins pas autant. D'autant plus sous l'emprise de la drogue. T'aurais dû opter pour encore plus fort ma pauvre, quelque chose qui t'empêche de réfléchir, car t'es submergée là.
« Je peux comprendre. Enfin, y en a qui n'ont que ça. »
Tu peux pas t'empêcher de toujours faire allusion à ta propre personne. T'es égocentrique à souhait. Tu regardes le plafond de cette usine si fade à présent. Tout en tirant à nouveau sur ta cigarette, tu ne peux t'empêcher de penser à Bart. A ce que lui, il peut ressentir. Et là encore, ça te fait mal. Alors tu veux plus savoir. Mais apparemment, t'as aucun contrôle sur toi-même. Car malgré toi, tu continues à te torturer l'esprit avec tes questions. Et puis t'oses baisser ton regard vers lui. Son visage te semble encore si familier... Et t'as qu'une envie, c'est de prendre ce faciès entre tes mains et plonger ton regard dans le sien. Ca te manque cruellement. C'est trop. Et pendant quelques minutes tu pars en vrille, ton cœur semble montrer signe de vie. Ca faisait si longtemps. Tu le veux près de toi, tu veux sentir cette chaleur lorsqu'il te prend dans ses bras, son odeur lorsque tu es contre lui. Et encore plus tu veux ses lèvres. Ses baisers. Tu sais même plus pourquoi tu peux pas t'autoriser ça et ça te tue. Alors soudainement tu te redresses. Tu tombes nez à nez avec Bart, les larmes ont coulé sur tes joues, en silence, sans que tu ne puisses les retenir. Dans son regard tu cherches encore à quoi t'accrocher, tu cherches cette lueur dans ses yeux qui pouvait remplacer ses plus beaux mots. Mais tu te perds. Encore et toujours.
« Bart je.. »
Tu quoi, au juste Kaya ? Tu ne savais même pas ce que tu allais dire. Alors t'avais juste prévu de prendre tes jambes à ton cou. Tu te lèves bien trop rapidement et tu te hâte en direction de l'extérieur, un pas, puis deux, avant de sentir te jambes se dérober. Tu t'es levée trop vite, sans doute. Mais la drogue n'avait pas dû aider, car en réalité ce ne sont pas seulement tes jambes qui lâchent, c'est tout ton corps. Tu n'entends plus rien, tu ne vois plus rien : pas même ta chute, pas même ton fracassement contre le sol.
Il l'avait regardé chuter. Immobile, avec simplement son regard qui la fixe. Qui suit sa trajectoire. Ses bras ne s'élancent pas pour la rattraper, son corps tout entier qui ne se projette pas pour ne serait ce qu'amortir sa chute. Il est loin, T'es loin Bart. Elle t'a dit quoi. Deux phrases, t'as tiré trois fois sur ton pet', et t'es déjà loin. T'es vraiment minable. Et t'es incapable de t'élancer pour la rattraper. Pour empêcher qu'elle se blesse. Qui sait, avec la chance que vous avez tout les deux additionnés, elle va se faire mal. Elle va peut être mourir. À cause de toi Bart. Parce que t'es un putain d'incapable. Quoi que non pas tout à fait. Ton pet' a glissé de tes doigts semblerait il. Et toi t'es au ralenti. Mais c'est trop tard.
Risible comme situation tu ne crois pas ? Tu la vois tomber sans rien faire, jusqu'à ce que tu décides de bouger. De bouger ton cul de froussard, parce que t'es un froussard pour réagir aussi lentement, tu ne crois pas Bart ? Comme quand elle t'a jarté. Quoique, tu l'as un peu cherché. Je ne te demande même pas si t'y crois, parce que c'est vrai. T'étais trop abruti à l'époque, et ça s'est pas arrangé. Mais sur le coup tu t'es pas rendu compte non, qu'elle tombait, et qu'indubitablement, si tu la rattrapais pas, toi aussi tu finirais par te vautrer.
C'est vrai que c'est risible. Il se redresse, tout doucement mais tellement vite dans sa tête toute embuée. Il en était pas à son premier pet' de la journée en fait. Sinon c'est pas sérieux. Sinon t'es pas sérieux. Il tend les bras pour la rattraper mais elle est déjà tombée. Et il est agenouillé juste à côté d'elle qui comate tranquillement. Pour deux mots. Dans sa tête à lui ça fait boum boum boum aussi, pour deux mots. Enfin, un prénom et un pronom personnel. Un Bart, je et puis plus rien. Bart je quoi putain ? Qu'est ce qu'elle avait voulu lui dire ? Parce qu'elle est mignonne, mais il est pas bien non plus. Il est pas bien du tout. Mais il est pas tout à fait stupide et shooté pour un rien. Hein, t'es pas à ce stade là de la loque humaine. En plus il commence un peu à flipper.
Et c'est reparti, il arrive à bouger à une vitesse normale. C'était juste un putain de ralenti sur sa misérable vie. Il passe sa main sous la tête de Riley, et avec l'autre il dégage son visage. Il la soulève doucement, comme une poupée brisée. Fragmentée. Ça doit pas être confortable cette veste en cuir et cette chemise étriquée pour respirer. Mais elle va avoir froid. Il inspire.
Bon, tu ne m'en veux pas, mais je m'occupe de toi encore un peu. De toute façon t'as pas le choix. C'est le karma, un peu.
Il appuie la tête de Riley contre son épaule à lui de façon à ce qu'elle ne glisse pas, et il lui enlève son inconfortable veste en cuir. En plus elle tient pas chaud. Les nanas sont pas pratiques. Une fois que c'est chose faite, il échange avec sa veste à lui, qui est un sweat à capuche à fermeture éclair. Et c'est confortable, il est pas fou le Bart. Et là il peut l'allonger, ce sera plus simple. Il plie un peu à l'arrache la veste en cuir comme ça, c'est un oreiller, qu'il glisse sous sa tête.
Tu vois, si tu m'avais dit ce que tu voulais me dire, bah on en serait pas là. En plus tu vas certainement m'en vouloir de t'avoir filé ma veste mais sache que je n'en ai rien à taper.
Puis il déboutonne un peu sa chemise. Qu'elle ait de l'air. N'allez pas croire qu'il veut la désapper. Parce que son corps de rêve, il le connait. Peut être pas par coeur, mais assez pour s'en vanter. S'il s'écoutait, il s'allongerait pour l'enlacer. Mais il ne sait pas si elle a chaud, ou si elle a froid. Il n'a aucune idée de l'état dans lequel elle se trouve. Tu ramasses ton pétard. T'es pitoyable. Tu fais des leçons de morales à deux balles, mais t'es pas foutu d'abandonner un pet'. Et tu la regardes. Si t'étais un parfait salaud, t'en profiterais, et tu te tirerais. Sauf que si t'étais un parfait salaud, tu lui aurais pas filé ta veste. T'es peut être encore pire; t'es certainement un de ces abrutis sentimentaux. Elle te manque hein ? Tu te rends compte, elle est si près, si malléable. Tu pourrais l'embrasser. Tu vas craquer. Tu le sais tu le sens. Alors t'attrapes ton sac. Tu vas te tirer parce que t'es un putain de lâche hein ? Tu lui abandonnes ta veste quand même. Putain arrêtes ton cirque, même sous l'emprise de drogue elle t'a jeté. Même quand elle est elle sans l'être réellement, c'est foutu. C'est foutu.
T'ouvres la poche de son sac. Y a plein de choses qui font du bruit. Du verres, du fer, des bâtons de dynamites. Des sachets en plastiques avec de la poudre, ou de petits explosifs tout prêt. T'extirpe du plastique. Pas un sachet, une bouteille. T'es un brave petit hollandais toi. T'as toujours de la flotte sur toi. T'en prends pour toi, tu bois parce que t'as la bouche toute sèche. T'en fais couler sur tes mains aussi, t'as l'air un peu con. Et tu vas parcourir le visage de Riley avec tes doigts glacés. T'espères qu'elle se réveille vite. Qu'elle te laisse pas tout seul avec toi même et elle, qui est elle sans l'être réellement.
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Riley K. Sellars
Jeu 19 Mai - 23:52
GO ON AND LIGHT A CIGARETTE SET A FIRE IN MY HEAD TONIGHT
Et enfin, t'es seule avec toi-même. Avec ton inconscient, celui qui te tortures tant. T'essaies de comprendre ce qui t'as fait tant changer. De la jeune et jolie Riley à toi, cette vulgaire dépravée, Kaya. Et tu te vois pleurer, à chaudes larmes. Comme si tout ce que tu retenais depuis si longtemps s’affaissait. Pour un moment tu as envie de revenir vers la lumière, même si tu sais qu'indubitablement tu préféreras sombrer à nouveau. Il faut avouer qu'actuellement, t'en a assez de ta solitude. T'as besoin de quelqu'un à tes côtés. Mais tu te laisses pas approcher, tu rejettes chaque personne susceptible de s'attacher à toi. T'en veux pas, c'est impossible. Mais là, tu te sens faible. Plus que d'habitude, même. Tu abandonnes ton propre combat, mais pour combien de temps ?
***
Comme au sortir d'un cauchemar, tu ouvres les yeux. Tu commences à paniquer sévèrement, jusqu'à le voir lui. A nouveau. Un instant t'as même pensé qu'il était simplement dans ton rêve, mais non. C'était bien réel. Fallait arrêter l'héro, Kaya. Et puis une odeur t'enivre. La sienne. Un violent frisson te parcourt l'échine. En réalité, t'aimes tellement cette odeur, c'est fou. T'en viens enfin à te demander d'où elle provient avant de remarquer que t'as un sweat qui ne t'appartiens pas. C'est le sien. Tu te redresses, doucement. Ta tête te fait un mal de chien, c'est insupportable. Mais ça s'estompe un peu après. Tu tournes la tête vers Bart, à côté de toi. Il est resté apparemment. Est-ce qu'il avait eu peur pour toi ? Tu le voulais. Et pour une fois, c'était pas juste pour te procurer la simple satisfaction d'avoir foutu les boules à quelqu'un. Non, tu voulais simplement qu'il s'inquiète pour toi. Comme il l'avait toujours fait, en fait. Mais tu l'avais bien souvent ignoré, parce que t'étais bonne qu'à ça.
« T'aurais pu m'emmener à l'hôpital, quand même. Imagine si c'était grave. »
Sarcastique, comme toujours. Mais pour une fois, tu lances pas de pique. Ni de sous-entendu. Ce qui devient plutôt rare. Tu le regardes, un brin de sourire en coin dessiné sur tes lèvres, et tu peux pas t'empêcher de te demander encore et encore ce qu'il ressent vis-à-vis de toi. S'il est déçu de te voir comme ça, si ça lui fait un pincement au cœur ou si comme toi, ça lui fait bien plus mal que ça. Et toi, t'en peux plus de ça. Déjà. T'arrives même pas à mettre de mots sur ce que tu ressens. T'as jamais été douée avec les mots. Lui en revanche, il savait en jouer.
Tu fourres tes mains dans les poches du sweat et tu te rapproches de lui, tu te postes juste en face. Et sans un mot, tu laisses tomber ta tête contre son épaule et tu caches ton visage au creux de son cou. Tu fais abstraction de tout le reste. Absolument tout. Même de ton esprit qui d'habitude, te tortures tant dans ces moments. Ca te fais tellement de bien de te retrouver là. Et tu réalises que Bart fera toujours exception à tes règles. Peu importe ce que tu te fixes, ce que tu t'inventes encore comme barrières de protection.
Des reproches, encore des reproches. Elle n'était bonne qu'à ça cette demoiselle là. Et toi uniquement à les encaisser, ses reproches. C'était devenu vicieux, entre vous. Et toi plutôt que de te barrer tu t'accrochais. Comme une sangsue. Tu la vidais d'elle pour te sentir plein de bons sentiments, d'un truc radieux, ce truc là assez chaleureux pour te faire oublier que tu pissais dans le vent.
Je crois que t'aurais pas trop apprécié de te réveiller dans une cellule de dégrisement.
T'avais la voix grave et le ton amère; et ces mots secs que déjà tu regrettais. Tu t'étais promis il fut un temps, de ne l'ouvrir que pour la chérir. Et tes yeux vides qui parcourent son visage défait, tes grandes mains pesantes qui se crispent sur tes genoux. Tu parles, t'as la face aussi ravagée qu'elle. Et la gorge sèche, tes lèvres abîmées qui se pincent en un petit sourire qui n'a pas de sens. Ça n'a pas de sens, toi qui la regarde elle, elle qui te regarde toi. On dirait deux idiots, tu devrais te barrer. Tu devrais te lever, chopper ton sac et t'enfuir rapidement de cet endroit parce que putain tu le sens tu le sais. Tu vas faire une connerie. Il va y avoir une couille à un moment, et tu vas relâcher tout tes efforts. Tu vas te laisser aller et tu ne vas pas pouvoir reprendre prise. Le torrent de tes émotions vas te balloter comme un cadavre prisonnier de son flot diluvien. Ça va être glacé, tu vas la sentir s'emparer de ton corps et puis tu vas frissonner. Et tu risques de te cogner contre tout ce qui a été charrié par ce torrent violent. Tu vas rien pouvoir y faire, parce que la corde qui te retiens au dessus de tout ça et bien. T'es en train de la scier tout seul.
Tout ça pour qu'au final, au moment où t'arrêtes de scier, elle coupe la corde d'un coup sec. Tu t'étais raisonné, t'étais prêt à grimper et t'en aller à toute jambe. Et elle avait posé sa tête sur ton épaule. Elle avait enfouit son visage là comme quand ça n'allait pas. Ça n'allait jamais bien de toute façon. Et t'as même pas profité de la micro seconde à disposition pour te rattacher à quelque chose nan. T'as lentement mais sûrement passé tes mains sur ses hanches. Et doucement elles ont glissées jusque dans son dos et tu l'as attirée contre toi. Tes doigts se sont crispés contre elle, et tu l'as serrée dans tes grands bras vides et désemparés. Toi aussi t'as plongé ta tête, le visage calé contre son cou et la joue appuyée sur son épaule. T'as le souffle chaud qui repousse ses petites mèches de cheveux, et les paupières closes. T'inspires son parfum, t'expires le regret.
Tu restes comme ça assez longtemps pour lâcher prise, abandonner toutes tes ''bonnes'' résolutions. Tu n'en peux plus tu ne tiens plus. Tu respires fort, tes mains se serrent contre elle, tu veux pas la lâcher. Tu te retiens de péter les plombs complètement. Juste assez pour laisser ta montée d'adrénaline la redresser un peu, plonger ton regard dans le sien, avec vos visages à quelques centimètres l'un de l'autre. C'est presque aussi idyllique que dans un film, à la condition qu'il soit assez glauque pour qu'elle et toi puissiez jouer dedans. t'as le coeur qui bat, t'as envie de parler mais les mots restent bloqués dans ta gorge ou heurtent la barrière que forment tes lèvres.
Alors tu relâches encore et encore, tu laisses ton corps s'exprimer. Tu poses doucement tes lèvres contre les siennes et tu l'embrasses comme si c'était la dernière fois. Secrètement t'espérais que ce ne serait pas le cas. Tu veux pas que ça prenne fin et instinctivement, tu resserres la prise de tes mains dans son dos. Elle est presque piégée par ta bouffée de confiance et d'inconscience. Mais jamais tu ne lui feras de mal.
Points : 113
Riley K. Sellars
Sam 21 Mai - 13:21
GODDAMN RIGHT YOU SHOULD BE SCARED OF ME
C’est vrai que la cellule de dégrisement, t’es pas certaine que ce soit la meilleure chose. Parce que oui, c’était quand même un milliard de fois mieux de te réveiller près de lui. Comme t’en avais eu l’habitude il y a un moment de ça. Son intonation avait été si froide, alors tu peux pas t’empêcher de redevenir toi-même.
« Pourquoi, t’as cru que j’aurais préféré me réveiller près de toi, Bart ? »
Tu sais bien que oui, Kaya. Mais tu l’admettras pas, hein ? Déjà que c’est difficile de te l’avouer à toi-même, alors à lui n’en parlons pas. Tu tiens à ta fierté. Ou plutôt ton égo, ta fierté à depuis longtemps foutu le camp. Surtout à cet instant, où tu t’es laissé tomber dans ses bras. Pour la énième fois. Et tu sens son étreinte, à ton tour. Tu te laisses aller, un sentiment si confortable t’envahit. Tu voudrais presque t’endormir comme ça et te réveiller exactement au même endroit. Mais il ne fallait mieux pas que ce soit le cas. En fait il aurait même fallu que tu décampes quand t’en avais eu l’occasion. Mais c’était trop tard maintenant. T’étais dans ses bras, c’était foutu.
Il te relâche quelque peu et vos regards se croisent encore. Et tu sais que c’est deux fois plus foutu. La seconde qui suit, t’as l’impression d’être retournée dans le passé. Tu sens ses lèvres se poser sur les tiennes et ton cœur fait un bond. Un sacré bond. Ca faisait longtemps, hein ? En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, c’est le bordel, tu sais plus où tu vas. Alors tu laisses ton instinct te guider. Enfin, tu le laisses lui, te guider. T’avais posé l’une de tes mains contre son torse, à la base pour le repousser. Mais tu savais que t’en aurais été incapable. Tu l’as juste laissée là, quelques secondes. Et puis tu prolonges son baiser et ta main glisse au niveau de son cou. Tes doigts se pressent contre sa peau, et toi tu peux pas t’empêcher de l’embrasser. Encore. T’as bien peur que ça ne change rien à tout ce qui a déjà été fait. Mais ça te fais tant de bien. Il te fait tant de bien.
Tu détaches doucement tes lèvres des siennes, mais tu gardes ton front contre le sien, les yeux fermés. Tu veux qu’il reste et en même temps tu veux qu’il s’en aille. T’es sens dessus dessous. Il fait remonter trop de sentiments en toi que t’avais préféré jeter au loin. T’es lâche Kaya, tu lui fais croire que c’est lui qui s’est trop attaché à toi, alors qu’en fait, ça a toujours été lui ton pilier. La preuve, regarde toi. Regarde ce que tu es devenue une fois qu’il n’était plus là. Après tout, qui sait si ce n’était pas de toute façon ta destinée. T'oses plus parler. Ca t'as cloué le bec. Ce qui est plutôt difficile en temps normal. Sauf que là, rien n'était normal. On parlait de Bart, celui que t'aimais. Et sincèrement.
Elle ne l'avait même pas repoussé. Elle avait fait glisser ses mains sur son corps, il avait frissonné. Et lui aussi, faisait glisser ses mains sur le corps de Riley, oh merveilleux corps. Il regrettait, encore et encore. Cette époque là, son immaturité, leur fierté. Et il regrettait ce qu'il se passait ici. Qu'il ne se soit pas barré à toute vitesse, qu'il l'ait pris dans ses bras, qu'il l'ait embrassé. Parce que maintenant il avait ce transport au coeur, ce truc qui secouait tout son être, faisait bouger ses bras et son corps. Ce truc qui animait ses mains presque fébriles ondulantes sur les formes de Riley. Qui s'emparait de ses lèvres et des siennes aussi. Elle ne résistait pas. Ni lui ni elle n'avait un semblant d'intelligence. Incapables de se rappeler que putain, c'était tellement brisé que les morceaux n'arriveraient jamais à se recoller, jamais à tenir tous ensembles. Ils avaient sauté à pieds joints dessus, et maintenant ils étaient accroupis pour essayer de tout rassembler. Aucune fierté.
Elle reculait un peu, appuyant son front contre le sien. C'était presque tendre, ça lui manquait. Il avait ses mains toujours fermement serrées autour du corps, et il cherchait les yeux de Riley. Il avait envie de lui dire dix mille choses. Mais il ne faisait que la regarder. Jouer avec son regard et lui même. Il se disait que s'il laissait trop de temps passer, elle le prendrait pour un con. Il n'en avait pas envie. Il posait doucement ses mains sur les hanches de Riley, et la soulevait un peu pour la rapprocher de lui. L'avoir plus proche de lui encore. Il allait passer pour un gamin. Tant pis, si c'était comme cela qu'il fallait procéder.
Riley... Ça me manque beaucoup ça. Je veux dire, toi et moi. Et toutes ces sensations grisantes que tu me procurais quand on était ensemble.
Il s'arrêtait un instant dans sa déclaration. Il était niais là un peu ? Non ? En fait, les yeux de Riley le décourageait. Il savait bien que ce ne serait pas possible. Que ce ne serait plus possible. Qu'ils avaient déjà utilisés toutes leurs cartouches. Il s'en rendait compte à mesure que les mots se perdaient dans sa gorge. Il eut peur du rejet qu'il risquait de subir et d'essuyer, encore une fois. Alors il relâchait son étreinte brûlante, en s'éloignant un peu du corps de Riley.
Mais je crois déjà que je connais ta réponse. Et quelque part, je me dis aussi que tu as raison.
Il avait envie qu'elle le contredise. Qu'elle l'embrasse à son tour en lui murmurant qu'il se trompait. Dans ses rêves.
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